Aténéu ou l'éternel amour




8° Séquence Funambule : 2'30 Intérieur - Balcon de la Salle de Bal



Ouverture du Noir en fondu.
Sur les dernières mesures de la chanson on voit la petite fille, Cassandra, debout face à nous, en équilibre sur la rambarde. Elle fredonne la chanson. Elle avance le long de la rambarde. On la suit doucement en travelling. En insert serré, on la voit faire trois pas en avant, monter sa jambe gauche comme pour tester son équilibre, la déposer, puis faire demi tour pour une petite course en avant... Elle joue comme on joue au bord d'un trottoir. Elle nous rappelle les funambules du cirque.

Dans le cadre, plus loin, en arrière plan, Anna semble veiller sur elle. Un regard attentif. Un sourire complice sur les lèvres.

La petite fille s'arrête, se tourne vers la piste...
Un temps...
Elle prend une grande inspiration et souffle...

En cut, gros plan très court d'un musicien sur scène dont le trombone échappe de la bouche, et reste comme suspendu en l'air.
La musique s'arrête...

En plan large fixe, les couples de danseurs s'arrêtent au fur et à mesure jusqu'à devenir totalement immobiles.

Tout se fige...

Soudain, seule en mouvement, apparait Roser sur la piste de danse.Elle la traverse dans la longueur vers la scène.

Raccord Cut au sol. En travelling, on suit Roser dans ses déplacements. Elle glisse au sol sans aucun effort, comme sur une patinoire... Elle a une pose qui rappelle les figures de proue des navires. ( Bien que ce soit imperceptible à l'image, la piste de danse de la salle aura été inclinée. C'est une possibilité technique du lieu qui permet de recréer la pente des salles de spectacle. Après une impulsion hors cadre, Roser glisse naturellement grâce à des chaussures spéciales).

Contrechamp. Sur scène, le musicien, en plan très serré tente de récupérer son instrument en apesanteur... Y réussit... Des sonorités étranges sortent du trombone. (0'20")

L'instrument lui échappe à nouveau...

Champ. Retour sur Roser qui continue de glisser... Elle tombe dans les bras d'Alvaro...
Plans Cut serrés.

Contrechamp. Le musicien (Yves Robert) rattrape définitivement son trombone. Il entame un trio avec le contrebassiste et avec le batteur qui se sert avec un plaisir apparent de jouets d'enfants pour faire ses percussions... De la batterie fusent des pétards, des feux d'artifice, des toupies... (1')

Le trio fini par une note continue très longue pendant laquelle on entend la voix de toujours :

"On fait quelques pas hors de l'enfance, puis très vite on s'arrête... On attend... L'amour commence là- dans les fonds du désert. Il est invisible dans ses débuts, indiscernable dans son visage. D'abord on ne voit rien. On voit qu'il avance, c'est tout. Il avance vers lui-même, vers son propre couronnement.

Ainsi vous ai-je vue avancer dans la poussière d'été, toute légère dans votre robe toute blanche."

A l'image, au balcon, Cassandra prend une impulsion. Décolle doucement du bord de la rambarde et prend son envol comme on le ferait en rêvant...

Cut. La caméra vole au dessus de la piste (elle est montée sur une grue...)


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© Anna Rodriguez & Eric Ténier, Paris 1995  Contacter les auteurs